Des sardines de Lisbonne

Lisbonne en novembre, du soleil à la saudade

Je suis mitigée : j’ai très envie de poser quelques mots sur cette semaine passée à Lisbonne et je sais que si je ne le fais pas tout de suite maintenant, je ne le ferai probablement pas. Et à chaud, c’est vraiment mieux.

Et de l’autre j’ai juste envie de laisser ça infuser dans le blues de mon dimanche soir (« je suis en descente » dirait Romain). J’en suis quand même à écouter Amalia Rodrigues alors que sur place, à Lisbonne, je pensais que le fado hors contexte devait être compliqué (plus d’une heure disons)(et sachez que j’écoute probablement des trucs que vous supporteriez difficilement 1h)(comme de la hard tech)(ou pas).

Mais est-ce qu’on est vraiment ici pour parler de musique ? Bof.

Ici on ne parlera pas donc pas des policiers lisboètes si détendus, ni de John, ni de Felipe et surtout pas d’une vidéo de 2007 de fille brésiliennes (comme ça, ça a l’air sympa mais en réalité c’est un cauchemar et JAMAIS je ne la regarderai. Et vous non plus, je l’espère). Tout ça nous a valu de nombreuses « mains sur l’épaule » en équipe. Et puis des tas et des tas d’anecdotes magiques.

Sinon, ce qui me reste de Lisbonne — et surtout me fait bien chialer ce dimanche soir — c’est un ciel bleu à décroisser la lune et un phénomène dingue vers 17h : on passe d’un jour aveuglant de lumière à un coucher de soleil express fabuleux, le tout en perdant de nombreux degrés.

On change alors de saison en un claquement de doigt et l’heure de l’apéro s’étale entre chien et loup. On ne sait plus bien s’il est 18 ou 21h et on ne s’en plaint pas. Les Lisboètes (aka les chauffeurs Uber) nous ont confirmé que cette météo n’était pas typique du mois de novembre à Lisbonne mais de notre point de vue, c’était tout comme.

En voyant la pluie cogner les vitres de l’avion en atterrissant à Rennes, j’avais l’impression de débarquer au bagne.

Parlons bouffe plutôt.

Ramener des trucs qui se mangent de Lisbonne

Des sardines, bah oui : je ne sais pas lesquelles mais pour avoir fait vieillir des sardines La Belle-Iloise quelques années, je suis ultra convaincue du bon plan. Je n’ai pas eu le temps de creuser pour savoir quelles sardines il fallait privilégier mais j’ai tout de même pris le parti de ne pas acheter celles à 8,50 la boîte.

On est bien arrivés à #Lisbonne pour le #websummit2017 ! . . . #Lisboa #ondiraitlesud #bahouinormal

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Du fromage : les fromages portugais sont cools ! J’ai découvert que les Açores étaient une vraie terre de fromage, notamment de vache. Mais on a tout aimé, vache, brebis et chèvre. Je dirais même que les fromages ont été la base de notre alimentation pendant une semaine (avec la bière pour les vitamines).

De la charcuterie : mais pas du supermarché, hein. Même à l’étal du charcutier, il n’y a rien d’intéressant.

Evidemment cette sélection peu originale est totalement subjective : vous pouvez aussi ramener des pasteis de nata, des queijadas ou de la liqueur de cerise. Je ne suis pas devenue experte en sucreries à Lisbonne.

On mange quoi à Lisbonne ? Et où ?

Pour cette partie, tenez (vraiment) compte du fait que nous étions au mois de novembre. Même si le Web Summit a fait venir beaucoup d’autres Européens à Lisbonne le temps de quelque jours, je m’interroge sur la période estivale. Ce n’est pas que j’aime pas les gens mais quand même…

Au Time Out Market : un food court d’un côté, un marché de l’autre. On y est allés tôt, vers midi et c’était bien comme ça car pas trop plein (plein de beaucoup de touristes dans tous les cas). On s’est installés à un stand de tartare (viande, poisson et légumes) et on a commandé un sandwich, qui est arrivé dans une sorte de pain pita coupé en deux avec du tartare de bœuf bien assaisonné à l’intérieur. A la dégustation de la deuxième moitié, j’ai copié l’astuce de mon compagnon réticent en le mangeant façon tartine et c’était vachement bien. Quand on a réglé et qu’on s’est aperçus que nos verres de vin étaient à 6,50 l’unité, on est même restés de bonne humeur. Sur Instagram, on m’a aussi conseillé les stands Sea Me et Marlène Da Silva, les corners des chefs à l’entrée et des super conserves de poulpe fumé…

Au Decadente : on y a atterri à la faveur de conseils de touristes français. Le vendredi soir, on a trouvé une table très facilement sur la terrasse (chauffée et couverte), le décor est cool, l’accueil sympa : on était bien. On a décidé d’y rester dîner et c’était super bon, j’ai apprécié les assiettes plutôt travaillées à des prix raisonnables (un ceviche de daurade pour moi). Ils font aussi hôtel, je pense que ça vaut le coup de jeter un œil.

A El Chapito : ma sœur y avait atterri par hasard il y a quelques années et m’en avait dit du bien. C’est là qu’on a retrouvé ma cousine et qu’on a donc dîné avec deux inconnues, les conjoints, les collègues, la cousine en question et son partenaire de crime. Le lieu est très chouette et s’étale sur plusieurs niveaux avec un bar, un resto et une sorte de… bar de nuit où on peut danser.  Dans l’assiette c’est pas dingue mais pas non plus pourri : j’avais commandé une tartine à l’avocat et à la crevette, les crevettes étaient généreusement collées les unes aux autres même si l’assaisonnement était assez décevant.

Au Park Bar : alors là je n’imagine même pas comment c’est en pleine saison touristique mais c’est un spot vraiment canon pour mater un coucher de soleil de malade (et boire des mojitos pas très bons, prenez donc une bière). Le lieu est tout en haut d’un parking et pas franchement indiqué (à part partout sur internet), on y monte comme pour récupérer sa caisse au 5e, un dernier escalier et… sunset on a rooftop baby ! (L’ambiance reste détendue, on n’est pas obligés d’être sapés comme jamais pour se sentir à l’aise, ni de boire un spritz).

A LX Factory : the place to be, mais vous avez sans doute déjà compris que ce city guide n’a rien d’un recueil d’adresses confidentielles. Alors LX Factory, c’est une zone industrielle réhabilitée et on peut y manger, y acheter des livres et tout un tas d’autres trucs, s’y faire tatouer, organiser une soirée, jouer à un escape game… Et aussi manger un brunch canon à 13,5 ou commander de la local craft beer (votre serviteuse l’a validée). Suffisamment de bonnes raisons de s’y rendre donc. Comme les adresses précédemment citées, je pense qu’elle colle bien à un séjour hors saison…

Et sinon, rien à voir mais…

Ce que j’ai lu à Lisbonne

J’ai fini mon premier Fred Vargas : eh ouais ! « Pars vite et reviens tard » est vraiment cool, j’ai bien aimé faire connaissance avec Adamsberg et l’intrigue est originale, et bien ficelée. Le style de l’écriture ne m’a pas embarquée tout de suite mais ça n’a pas non plus pris trop de pages… et je suis maintenant très convaincue. Je l’avais délaissé sur Kindle pour la version papier de « Au-revoir là haut » de Pierre Lemaître, et j’ai terminé la petite centaine de page qu’il me restait dans l’avion. C’était bien (et c’est marrant de voir comme le papier est — pour moi — plus engageant que le numérique à plein de niveaux, même si le rétro-éclairage parfait du Kindle reste une révélation…)

J’ai lu The 10 food commandments : je ne sais plus du tout comment j’en suis venue à télécharger un extrait puis le livre mais qu’est-ce que je me suis marrée. Parmi les 10 commandements : manger avec les mains, copier les autres, cuisiner, trouver les bons convives… C’est toujours drôle et plutôt documenté pour un livre de ce format. Ce n’est pas que du blabla sympa, il y a du fond derrière l’humour. Je ne suis pas sûre que ça ait été traduit mais c’est très accessible aussi en anglais.

J’ai entamé une biographie d’Einstein mais ohlala quelle idée saugrenue. Décidément tous les biographes n’ont pas le même talent pour raconter des histoires, là c’était chiant dès l’intro (vraiment chiant). J’ai acquis l’ouvrage dans un moment de détresse dans une librairie lisboète, j’étais vraiment fatiguée. Vous le savez, hein, que la fatigue ça fait acheter des livres…

Ce que j’ai écouté à Lisbonne (et subi en rentrant)

Bon Jovi : bon si vous ne pouvez pas vous enjailler sur Bon Jovi, merci de le garder pour vous. You give love a bad name est l’hymne de mon équipe de taff depuis un moment et on s’est retrouvés à danser aussi sur Livin’ on a prayer dans un bar du Bairro Alto. C’était pas fait exprès mais c’était bien (et le lendemain j’ai acheté la biographie d’Einstein pour vous situer).

Alphaville : Big in Japan, les années 80 qui pourraient difficilement passer pour une autre décennie. Et c’est toujours mieux que de chialer sur Mad World (qui est à l’origine un morceau de Tears for Fears, je me suis aperçue que tout le monde ne le savait pas. Bon Romain* trouve quand même la version originelle badante… Mais au moins il sait de qui elle est. Step by step.)

Dans l’avion des reprises à gerber : Billie Jean en version musique de décollage, ce n’est ni fait ni à faire ! Et quand tu te trimballes déjà une petite descente de quitter le ciel bleu, ça n’arrange pas les choses. Pourquoi toutes ces reprises affreuses ? POURQUOI ? C’est anxiogène, je ne vois pas en quoi ça pourrait détendre quelqu’un qui serait un peu flippé de l’avion. Peut-être même que ça pourrait faire l’inverse.

En rentrant à Rennes, clap de fin de toute beauté :/ : je débarque dans le métro et j’entends Shape of you et puis dans l’ascenseur, des gars écoutent « Plus rien ne m’étonne » sur leur smartphone. Un morceau qui me fait forcément penser à Colin, qui aime autant écouter du reggae que se faire un tartare à même le cadavre d’une vache.

That’s all folks ! C’était une semaine à Lisbonne et c’était drôlement bien. Allez donc faire un tour voir si vous y êtes à l’occasion, ça fait toujours du bien… Surtout que, parfois, on y est.

« Madame Dansmacuizine ?

— bom dia !

— non mais n’importe quoi. Déjà vous êtes rentrée en France et ensuite vous ne parlez toujours pas portugais aux dernières nouvelles…

— obrigada

— ok, d’accord… sinon c’est quoi ce billet super long sans recette ?

— attends, ça parle quand même de fromage et de restaurant. C’était une semaine très valable côté bouffe. Si tu veux je te donne la recette de « faire une salade de fruits » ou « commander une bière ».

— ça va aller, on va attendre la suite et quand on se sera momifié parce que l’attente aura été trop longue, vous serez la seule à blâmer…

— obrigada

— désespérant… »

 

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