La pointe du Décollé

De quoi d’autre pourrait-on bien parler un dimanche soir ?

C’est à dire que je ne sais pas si c’est une bonne idée de faire mon grand retour par ici un dimanche soir, et précisément celui d’après le changement d’heure, quand la nuit tombe beaucoup plus tôt qu’elle ne le faisait quelques 24 heures plus tôt.

Mais ça va ! Et ça, c’est parce que j’ai un livre super glauque à vous conseiller ! Ça s’appelle « Le diable, tout le temps » et ça porte très bien son nom. L’histoire se passe dans l’Ohio et ses états voisins, vers la moitié du siècle dernier. Les gens y sont presque tous moches, sales, puants. Et alcoolos. Ou pieux dans une version très dérangeante. Une brochette de cinglés se situant sur une échelle allant de l’idiot du village à des êtres humains qui figurent sur votre liste des types à ne jamais croiser (comment ça vous n’avez pas fait cette liste ? Vous êtes étranges parfois).

Le Diable, tout le temps

Ceci étant dit, j’ai dévoré ce livre qui doit être savoureux en anglais, mais dont la traduction m’a également beaucoup plu. Sauf pour un truc hyper grave : il y a dans ce roman un clown qui s’appelle flapjack et en notes, on lit que c’est le nom d’une petite crêpe épaisse. Hein ? Quoi ? On se moque de moi ? Une petite crêpe épaisse, c’est plutôt un pancake si vous voulez mon avis. Un flapjack, ça ressemble plutôt à ça et ça fait bien trop longtemps que je n’en ai pas fait.

Je ne vais pas pour autant m’y mettre maintenant, sachant que je suis plutôt en train de rêvasser d’un séjour à la Grée des Landes, à nager et à lire, en regardant ma charge mentale faire de jolies braises dans la cheminée. J’en profiterais pour écrire un livre et je deviendrais pote avec Michel le barman et Fred le pianiste qui me demanderaient : « alors ce roman, Madame Dansmacuizine ? ça avance ? Vous reviendrez pour nous le dédicacer quand vous serez devenu célèbre !« . On se ferait des clins d’œil entendu les bons jours. Les mauvais, ceux de la page blanche, Michel sortirait une bouteille réservée aux urgences pour me servir un remontant, une fois les autres clients retournés à leur chambre. Et Fred jouerait la Maman des Poissons sur son piano, en chantonnant pour dérider mon esprit chagrin.

Mais là, ce n’est plus vraiment d’un séjour dont on parle, c’est un congé sabbatique.

Amour minuscule

Je suis en train de lire « Amour Minuscule » aussi, par l’auteure et le dessinateur du « Port des marins perdus », un peu ma BD favorite. Dans ce nouvel opus, pas de marins mais toujours l’univers de Radice et Turconi. Je le finirai peut-être ce soir, je me le garde un peu comme « mon précieux ». La lecture, c’est pas mal pour le blues du dimanche soir.

Pas pour tenter de le faire disparaître, plutôt pour en faire une matière un peu intéressante. Disons qu’au lieu d’avoir un blues du dimanche soir bougon et un peu superficiel, vous pouvez avoir la version glow-up avec un dimanche soir baudelairien. Je vous sens terriblement convaincu ! Je vois même qu’au lieu de prendre un apéro en râlant au sujet de la nuit, la météo et la réédition de Mein Kampf, vous voilà en boule dans votre plaid sur le canapé, un livre à la main. Et vous avez raison, c’est très baudelairien cette attitude, bravo !

A safe place

Si tout ça vous semble manquer de pragmatisme, je peux aussi vous proposer des infos plus terre-à-terre quoique assez divertissantes. Hier, je me suis coupée le doigt avec la partie métallique qui se décapsule d’une boîte de pâté Hénaff. Je ne sais pas combien mesure la haie qui entoure la maison et c’est un peu ennuyeux. Je pensais que la bière sour était réservée aux beaux jours mais en fait, pas tant que ça. Le moteur de ma voiture m’a annoncé qu’il s’était mis en débit réduit et je ne suis pas mécano, mais je pense que ce n’est pas un signal positif.

D’ailleurs, pourquoi ce satané véhicule dispose d’une messagerie qui ne sert qu’à annoncer des truc pourris ? Ce ne serait quand même pas compliqué de prévoir aussi des messages du type « mon moteur ne s’est jamais senti aussi bien » ou « je ronronne comme un chat sur un clavier d’ordi, toi et moi on va faire des merveilles« .

On pourrait même entendre la voix de Bilbo prononcer « I am going on an adventure » quand on tourne la clé (pour ceux qui ont encore des véhicules à clés qui se tournent). En voilà une bonne idée ! Et tout ça grâce à quoi ? Grâce au blues du dimanche soir baudelairien. Magique.

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